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Qui suis-je ?
- ClaudioPana
- Nancago, Northern Mariana Islands
- Un vieux au bord de l'eau
Bienvenue au bord du fleuve
Avant d'être confronté au désespoir, il faut s'essayer au combat contre soi
Barbouillage et litchechose. Peindre ou écrire pour tenter d'exister. C'est la question.
LE RIRE DE COOGAN
Que Milan Kundera me pardonne; bien avant le sourire de Karénine, j'ai souvent ri pour témoigner mon appétit de vivre.
COOGAN
J'attends. Le soleil commence sa descente derrière la haie des grands arbres. En ce printemps précoce installé provisoirement dans la fin de l'hiver, l'absence de feuilles permet à la lumière rosée de mettre en valeur l'architecture tourmentée qui prolonge vers le ciel les immenses bras tordus, noueux, diaphanes, fatigués ou volontaires, des puissants troncs de la forêt.
J'attends. Elle n'est pas encore rentrée. C'est Lui que je verrai le premier. Ses horaires sont plus réguliers.
Le vent dominant né des forces insondables de la mer lointaine m'apporte les bonnes odeurs de la vie. Il chasse différentes strates de nuages blancs gris. J'aime cet air qui bouge et me caresse mais je crains pour Lui. J'ai peur que ce climat du jour ne l'assombrisse. Il aime les grands beaux temps, froids ou chauds, ceux des déserts de glace ou des déserts arides. Il aime aussi la pluie fine de tradition nordique. Mais il déteste le climat qui colporte des jours incertains. Il ne fait pas dans la demi-mesure.
Quand sa voiture va se présenter à l'approche du plateau où le hameau s'est installé de longue date, aux confins des espaces semés d'herbages et fabriqués de parcelles cultivées, que la route quitte soudainement pour amorcer sa montée ondulante vers le sommet du relief où l'homme n'a jamais arraché à la nature son naturel forestier, il va voir défiler les cumulo nimbus sur le houppier des chênes. Il aura alors la nostalgie du vieux marin qui regarde passer les bateaux sur lesquels il n'embarque plus. Ce dernier tronçon de la route invite davantage à l'évasion qu'à la promenade. Ce qui conforte pour lui l'effort lié à l'action de rentrer, davantage ressentie comme l'accession vers une fin plutôt que l'atteinte d'un but. Et il y a tant d'actions à entreprendre et de femmes à baiser. Il rentre toujours. Mais il lui faut parfois trop de temps pour récupérer le regard du résident -celui qui ne me quitte jamais- sur notre espace protégé par les haies arborées; le coup d'oeil sécurisant que l'habitant perçoit de son domaine, de l'environnement dont il se satisfait. Chaque jour, Il est irrité par ce qu'Il voit en approchant de chez nous. Le paysage de l'apparence lu par les autres. Celui de l'étranger qui pose son oeil de voyeur sur notre espace intime et qui se permet une interprétation erronée. Fatalement erronée. Je serai attristé par son affliction mais ça ne durera pas. Dès qu'Il est rentré Il s'apaise. Une fois installé Il n'est plus malheureux.
Pour son équilibre, peut-être aurons-nous la chance de travailler un peu. Son occupation salariée ne l'accapare guère. Je ne veux pas expliquer que l'imprégnation temporelle de son activité est faible. Je suis bien placé pour supporter le contraire. Mais que la satisfaction qu'il en retire est pauvre. Sa joie de travailler lui est offerte par ses mains. Etudiant en physique, il avait retenu que le travail est le déplacement d'un objet pesant. Aussi est-il heureux des efforts de son corps qui conduisent à un résultat évident proche de cette idée : abattre un arbre, le tronçonner, éclater les bûches, les transporter pour les aligner en ordre rigoureux. Et quand son corps prolonge par la sueur sa propre création : dresser une charpente, ou même, moins ambitieux, ériger une simple clôture, l'apaisement du soir rend notre repos luxueux.
J'attends.
1 commentaire:
Ceci est un commentaire très pertinent
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